La Guilde des Mercenaires

© Hugues Argence

Mottetti e Canzoni Virtuose

Venise, début du Seicento. Les instruments prennent leur indépendance. A partir des pièces vocales connues, dont certaines proviennent de France, on développe l’art de la diminution et on assiste à la naissance d’une nouvelle forme musicale : la sonate.

Ce programme de musique vénitienne montre la manière de jouer avec le grand orgue, tout en registrant de manière variée. Virtuose, exigeant et difficile, l’on y trouve des pièces solistes et d’ensemble. Instruments et voix mêlés, continuo au grand orgue.

Après avoir conquis le public du Festival l’an dernier, La Guilde des Mercenaires aura à cœur de confirmer le charme opéré en 2019 avec ce programme voguant sur les lagunes de la cité des Doges.

Distribution

Violaine Le Chenadec : canto
Elsa Franck : bombardine
Jérémie Papasergio : basson
Yoann Moulin : orgue
Adrien Mabire : cornets et direction

Programme

Musique baroque italienne du 17e siècle

Ippolito Tartaglino (ca. 1539 – ca. 1582)
Canzon super Susanna

Roland de Lassus (1532 – 1594)
Susanne ung jour

Giovanni Battista Fontana (1571 – 1630)
Sonate terzadecima

Giovanni Valentini (1582 – 1649)
Canzon a 6

Giovanni Paolo Cima (1570 – 1622)
Sonata per violino e basso

Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525 – 1594)
Vestiva I colli

Dario Castello (ca. 1590 – ca. 1630)
Sonata seconda

Giovanni Pierluigi da Palestrina / Francesco Rognoni (mort avant 1626)
Pulchra es amica mea

Giovanni Paolo Cima
Sonata per due soprani e basso

Jehan Chardavoine (1538 – 1580)
Une jeune fillette

Giovanni Gabrieli (1557 – 1612)
Canzon prima

Cyprien de Rore (1515 – 1565)
Anchor che col partire

Giovanni Battista Bovicelli (1550 – 1594)
Angelus ad pastores

Biagio Marini (1595 – 1663)
Sonata per cornetto et organo

Giovanni Antonio Bertoli (1605 – 1669)
Sonata prima

Giovanni Antonio Riccio (ca. 1600 – après 1621)
Iubilent Omnes

Note d'intention

Dans l’Italie de la Renaissance, à la frontière non définie entre la prima et la seconda pratica, la musique est avant tout fonctionnelle et destinée au culte.
Pour définir ces œuvres, le terme Sacro-Profanus est sans doute le mieux adapté car même en présence d’œuvres en langage commun (Italien ou Français), ces pièces étaient destinées à être jouées afin de rythmer l’office et, surtout, autour du grand orgue. Il faut donc penser le son de l’équipe comme ample et large afin de sonner dans la totalité du bâtiment.
Une fois ce constat posé, attardons nous un peu plus sur le rôle des instruments dans cette fin de 16e siècle. Jusqu’ici cantonné à un rôle de doublure des voix (colla parte), on assiste avec ce programme à la naissance d’une nouvelle forme musicale. La prise d’indépendance et la nouvelle manière (seconda pratica) d’écrire des pièces uniquement pour instruments passe par plusieurs phases.
En premier lieu, on utilise l’existant, c’est à dire de la musique vocale d’un des maîtres de la polyphonie (Lassus, Palestrina…), sur laquelle les musiciens du Seicento ajoutent une partie instrumentale. En général, la partie de soprano ou de basse est ornée puis diminuée rythmiquement tout en rajoutant des notes supplémentaires dans une structure polyphonique que l’on souhaite globalement intacte. Ou comment aller du point A au point B en faisant le plus de détours possibles.
Certaines diminutions sont tellement complexes que cela transforme l’oeuvre originale en faisant naître un nouveau style, celui de la chanson diminuée.
Ensuite, on voit l’apparition de pièces purement instrumentale, cette fois sans base polyphonique. La sonate instrumentale est née. D’ailleurs, on la nomme aussi Canzon (chanson), toujours en référence à la voix.
Nous sommes ici en présence d’une équipe de musiciens représentants ce que pourrait être un ensemble musical du 16e siècle (deux dessus, basse et chant) autour de l’orgue, instrument principal. Cornet, bombarde, basson, flûtes… Les hauts instruments sont utilisés pour jouer des pièces représentatives de cette période avec vocalité et virtuosité.
Ce programme a fait l’objet d’un enregistrement en 2019 pour le label l’Encelade.

La Guilde des Mercenaires

La Guilde des Mercenaires est un ensemble de musique ancienne fondé par le cornettiste Adrien Mabire. Regroupant des artistes ayant les mêmes affinités, l’ensemble prend ce nom de «Guilde» pour définir ces musiciens venus de différents horizons mettant en commun leurs connaissances pour interpréter la musique du 17e siècle. Ayant la volonté de faire sonner au maximum de leurs possibilités les «hauts instruments», le cornet d’Adrien Mabire est reconnu comme ayant une image sonore large et puissante, bien que celui-ci puisse aussi jouer doux tel un «clavecin fermé» (Artusi, 1628). L’ensemble s’attache donc à jouer ce répertoire dans un résultat emballé et virtuose. La marque de fabrique de La Guilde est celle d’un ensemble entretenant l’héritage légué par les musiciens de l’époque du Seicento, tout en prenant en compte les spécificités de notre temps. Il est primordial pour l’ensemble d’apporter au public cette musique non pas comme sur un présentoir, mais comme un moment d’exaltation.

Bien que l’on considère le cornet, la sacqueboute ou la dulciane comme des instruments de musique «ancienne», La Guilde les considère comme des instruments de musique de façon générale. Parfois en formation d’instrumentistes pure, elle est le plus souvent associée aux voix, car comme le disait Dalla Casa : «De tous les instruments, le plus excellent est le cornet pour imiter la voix humaine. Cet instrument peut jouer piano et forte dans toutes les sortes de tonalités, juste comme la voix.»

Adrien Mabire, cornets et direction

Né au sein d’une famille musicienne de Caen, Adrien Mabire suit un cursus classique en trompette moderne auprès de Stéphane Bellanger. Attiré par la musique ancienne, sa rencontre avec Hervé Andéol le pousse à la découverte des instruments anciens à vent qu’il étudie avec Serge Delmas et Jean Tubéry (cornet à bouquin), Jean-François Madeuf (trompette naturelle) et Elsa Franck (flûte à bec). Il participe pendant plusieurs années aux productions de différents ensembles tels qu’Artaserse (Dir. P. Jaroussky), Oltremontano (Dir. W. Becu), Ricercar Consort (Dir. P. Pierlot), Correspondances (Dir. S. Daucé), L’Orchestre des Champs Elysées, Collegium Vocale (Dir. P. Herreweghe), Anima Eterna (Dir. J. van Immersel), Le Poème Harmonique (Dir. V. Dumestre), Concerto Italiano (Dir. R. Alessandrini), Le Concert Spirituel (Dir. H. Niquet)…
Pour sa discographie au sein de différents ensembles, notons Les Sacrae Symphoniae de Gabrieli avec Oltremontano, Le Ballet Royal de la Nuit avec Correspondances, Son of England avec Le Poème Harmonique, la Messe pour la naissance de Louis XIV avec le Galilei Consort, Benevolo avec le Concert spirituel…
En dehors de ses activités d’artiste, il enseigne le cornet à bouquin et la trompette baroque dans différentes académies et institutions internationales.

Violaine Le Chenadec, soprano

Après des études de chant au CRR de Rennes et une Licence de Musicologie, Violaine Le Chenadec intègre en 2009 le CNSMD de Lyon où elle étudie le chant dans la classe de Brian Parsons et d’Isabelle Germain. En juin 2013, elle obtient son grade de Master en Voix avec la mention Très Bien.
Sur scène, elle interprète le rôle de Fanny dans La Cambiale di Matrimonio de Rossini et celui d’Adèle dans Die Fledermaus de J. Strauss dans le cadre des soirées lyriques du CNSMDL. Elle chante sur les scènes de l’Opéra de Rouen, du Théâtre Royal de Versailles, ou de l’opéra de Rennes les rôles de Barberine dans Les Noces de Figaro de Mozart, de Gretel dans Hansel und Gretel de Humperdinck (2012) et de Sœur Constance dans les Dialogues des Carmélites de Poulenc (2014). Elle chante aussi la Seconde Grâce dans l’Orfeo de Rossi avec Raphaël Pichon (Opéra de Nancy, Opéra Royal de Versailles).

Elle chante régulièrement avec les ensembles Correspondances (Dir. Sébastien Daucé), Pygmalion (Dir. Raphaël Pichon), Mélisme(s) (Dir. Gildas Pungier), Les Surprises (Dir. Louis Noël Bestion De Camboulas), le Concert spirituel (Dir. Hervé Niquet), Les Concerts de L’Hostel Dieu (Dir. Franck-Emmanuel Comte) ou encore Concerto Soave (Dir. Jean-Marc Aymes).
On l’entend également dans le répertoire d’oratorio ; elle chante L’Amour Divin dans la Conversionne di Maddalena de Bononcini auprès de María Christina Kiehr au Festival Mars en Baroque à Marseille (2014) et au Festival des Arts Renaissants de Toulouse (2015). Elle chante dans le Te Deum de Mendelssohn à la 46e édition du Festival de la Chaise-Dieu. En 2011, elle chante les airs de soprano du Gloria de Vivaldi avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne et en octobre 2014, elle chante Gabriel et Ève dans la Création de Haydn avec L’ensemble Mélisme(s) et Aventi (Festival de Lanvellec et du Trégor, Opéra de Rennes).

Entre 2016 et 2018, elle est Ancilla dans le la production des Histoires Sacrées de Marc-Antoine Charpentier créée au théâtre de la ville de Caen avec l’ensemble Correspondances de Sébastien Daucé, puis reprise au festival de la Chaise-Dieu, au London Festival of Baroque Musique, à la Chapelle Royale de Versailles. Toujours aux côtés de Sébastien Daucé en résidence au théâtre de la ville de Caen, elle chante les rôles de Cintia et une Heure dans le Ballet Royal de la Nuit. Cette production sera jouée dans toute la France, en Angleterre, en Chine… jusqu’en 2020.
En décembre 2019, elle participe à la création de la Petite Messe Solennelle de Rossini, mise en scène par Jos Houben et Emily Wilson, en tant que soliste dans le cadre de la Coopérative Opéra.

Elsa Franck, bombardine

Professeure certifiée, elle enseigne le hautbois baroque et la flûte à bec au Conservatoire à Rayonnement Régional de Caen.

Membre de l’ensemble « Doulce Mémoire » (dir. Denis Raisin-Dadre), elle est aussi invitée par de nombreux ensembles, dont Le Poème Harmonique, Le Concert Spirituel, Les musiciens de St Julien, Les Ombres, L’Achéron, les Muses en famille…

Outre un gros travail de fond mené sur le hautbois baroque, Elsa Frank a fait redécouvrir d’autres instruments à anches méconnus aujourd’hui comme le chromorne Français (à ne pas confondre avec le plus ancien Krumhorn), la bombardine, la dulzian soprano, et le Bassanello. Ces instruments joués brillamment en concerts, dépassent ainsi leurs statuts actuels de «curiosités».

Sa riche discographie la place au premiers rangs des hautboïstes/flûtistes actuels, allant de Dufay à Mozart, via les concertos brandebourgeois de Bach.

Jérémie Papasergio, basson

Originaire de Monaco, Jérémie Papasergio commence ses études musicales à la flûte à bec et traversière, au basson français et au clavecin, ce qui le tourne naturellement vers la musique ancienne. Passionné par la diversité instrumentale, il cultive la polyvalence à la manière des musiciens d’époque.

Doté d’une exceptionnelle collection d’instruments: flûtes, hautbois, bassons, tournebouts, cromornes, cervelat, bassanello, flageolets, gazou, serpent, basson russe, ophicléïde, clavecin, régale, harmonium…. son répertoire s’étend de Josquin des Prés à Hector Berlioz.

Titulaire du Certificat d’Aptitude de professeur en musique Ancienne, il enseigne au conservatoire de Tours, de La Courneuve/Aubervilliers (pôle superieur 93) et au CRR de Paris.

Pilier de l’ensemble Doulce Mémoire, on le retrouve aux côtés d’Hervé Niquet, Jean Tubéry, Vincent Dumestre, Jean-François Madeuf et Sigiswald Kuijken.

Parmi sa large discographie, citons un enregistrement dédié aux cantates de Vivaldi avec Philippe Jaroussky ainsi qu’une collection avec Syntagma Amici pour le label Ricercar.

Yoann Moulin, orgue

Yoann Moulin commence son apprentissage de la musique avec Robert Weddle au sein de la Maîtrise de Caen. Il y découvre le clavecin qu’il étudie avec Bibiane Lapointe et Thierry Maeder et poursuit ses études, après un passage à l’Académie de Villecroze avec Ilton Wjuniski, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans les classes d’Olivier Baumont, Kenneth Weiss et Blandine Rannou. À cette même époque, il découvre le clavicorde grâce à Étienne Baillot, l’orgue en autodidacte, l’improvisation aux côtés de Freddy Eichelberger et profite de l’enseignement de Pierre Hantaï, Skip Sempé, Blandine Verlet et Élisabeth Joyé.

Il joue depuis en récital et en musique de chambre dans différentes saisons et festivals comme la Philharmonie de Paris, La Roque d’Anthéron, les Folles Journées de Nantes, La Chaise-Dieu, Oude Muziek – Utrecht, Ambronay, Royaumont, Lanvellec, le Venetian Center for Baroque Music, le Cervantino – Mexique, le Palais Jacques Coeur – Bourges, l’Académie Bach d’Arques-la-Bataille, Saint Riquier, la Philharmonie du Luxembourg, le festival Actus Humanus en Pologne ou le festival International Tropical Baroque à Miami. Il accompagne aussi plusieurs ensembles tels que les Arts Florissants, le Concert Spirituel, l’Ensemble Clément Janequin, Capriccio Stravagante, la Fenice, le consort de violes L ‘Achéron, le Concert Étranger, la Tempête, la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles, les Musiciens du Paradis, la compagnie de danse baroque Les Fêtes Galantes, Das Klub – Cabaret Contemporain ou le collectif de Jazz La Forge.

Son premier enregistrement « Girolamo Frescobaldi – Intavolatura di Cimbalo” vient de paraître chez L’Encelade. Il participe également à plusieurs Cds pour les labels Alpha et Ricercar, comme entre autre « Au Sainct Nau » avec l’Ensemble Clément Janequin. Les « Ludi Musici » de Samuel Scheidt gravés avec l’Achéron et « The Tempest » disque autour de la pièce de William Shakespeare avec l’ensemble la Tempête ont été récompensés tous deux par un Diapason d’or.

Enfin, Freddy Eichelberger, Pierre Gallon et Yoann Moulin ont récemment fondé « Une Bande de Clavecins », un consort de claviers anciens réunis autour de la musique de la Renaissance écrite et improvisée.

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