Les sonates pour violon d’Alessandro Scarlatti, de Johann Heinrich Schmeltzer et de compositeurs moins bien connus (Pez, Weissenburg, Capellini, Petersen) compilées dans ce manuscrit à la fin du XVIIème siècle témoignent de la diversité des styles pratiqués en Europe à cette époque. Si certaines sont écrites dans le style français, d’autres ne sont pas sans rappeler Arcangelo Corelli. Eva Saladin, accompagnée de Daniel Rosin au violoncelle et de Joannes Keller au clavecin, tous trois issus de la Schola Cantorum Basiliensis, interprètent cette musique virtuose avec une sensibilité peu commune.
© Susanna Drescher
Eva Saladin, violon
Daniel Rosin, violoncelle
Johannes Keller, clavecin
Johann Christoph Pez (1664-1716)
Sonate no. 30 en sol mineur
Adagio
Allegro
Adagio
Adagio
Gigue
N. Goor (dates inconnues)
Sonate no.10 en fa majeur
[..]
Grave
Vivace
Prélude en si majeur
Pietro Paulo Cappellini (dates inconnues)
Sonate no. 24 en si majeur
Adagio
Poco Allegro
Adagio
Grave
Presto
Alessandro Scarlatti (1660-1725)
Sonate pour violoncelle en re mineur
Largo
Allegro
Piano
Presto
Johann Heinrich von Weissenburg/ Giovanni Henrico Albicastro (c1660-c1730)
Sonate no. 21 en re mineur
Adagio
Presto
Canzona Allegro
Adagio
Allegro
Grave
Presto
Prélude en si mineur
Johann Heinrich Schmelzer (1620/23-1680)?
Sonate 20 en si mineur
Allemande
Courante
Gigue
Sarabande
Gavotte
L’echo
La Fin
David Petersen (c.1652-1737)
Sonate 1 en re majeur
Adagio
Allegro
Tremulo
Alle Breve
Adagio/Presto
Adagio/Allegro/Adagio/Allegro
Toutes les sonates sauf celle de Scarlatti se trouvent dans le Manuscrit de Di Martinelli (bibliothèque universitaire de Louvain, P 206/28 familiearchief Di Martinelli)
Les sonates pour violon de ce programme proviennent du manuscrit Di Martinelli. Ce dernier fait partie des archives de la famille Di Martinelli qui, à la fin du XVIIe siècle, quitte Gênes pour les Pays Bas. Il s’agit de trente-deux sonates pour violon de compositeurs d’origine flamande, allemande & italienne qui témoignent de la diversité des styles pratiqués en Europe à cette époque.
Si certaines de ces sonates sont écrites dans le style français, d’autres rappellent la musique italienne antérieure et plusieurs d’entre-elles sont proches du style de Corelli. Des moments de Stylus Fantasticus sont suivis par des passages plus lyriques ou des variations sur une basse obstinée. On y trouve aussi bien des œuvres de compositeurs reconnus que celles d’autres tombés dans l’oubli.
Il est probable que le compilateur connaissait personnellement la plupart de ces compositeurs, les ayant entendus jouer, et a copié ces pièces pour ses archives.
L’usage de la scordatura, qui consiste à accorder l’instrument d’une manière non usuelle, était très courant à la fin du XVIIe siècle, en particulier en Autriche. Non seulement il modifie la sonorité du violon mais il permet aussi différents effets virtuoses. Le manuscrit Di Martinelli contient plusieurs de ces sonates à scordatura, deux d’entre-elles seront jouées dans ce programme. Eva Saladin et son ensemble ont enregistré en première mondiale une partie de ces sonates en 2021. Ils sont heureux de pouvoir les présenter en concert.
Eva Saladin a d’abord suivi une licence et un master de violon moderne chez Kees Koelmans et de violon baroque chez Lucy van Dael au conservatoire d’Amsterdam. Ensuite elle se rend à « La Schola Cantorum Basiliensis » pour étudier le violon baroque avec Leila Schayegh et David Plantier, où elle obtient son diplôme en 2013 avec les félicitations du jury. Elle s’intéresse également de manière intense à l’improvisation historique et suit les cours du maître Rudolf Lutz.
Elle vit actuellement à Bâle en tant que musicienne indépendante. Son activité artistique comprend aussi bien des projets de musique de chambre et orchestres que des récitals solistes couvrant les répertoires du XVIe au XIXe siècle.
Outre son travail de directrice artistique de son groupe « Ensemble Odyssée », basé à Amsterdam, elle est aussi une des « premier violon » de l’orchestre « la Cetra Barockorchester Basel » (Andrea Marcon) et de l’ensemble « Gli Angeli Genève » (Stephan MacLeod).
Elle joue régulièrement avec des ensembles tels que « Il Profondo », Profeti della Quinta, Ensemble Daimonion, Capricornus Ensemble Stuttgart, Les Passions de l’Ame Bern, Orchester der J.S. Bachstiftung St.Gallen, Balthasar Neumann Orchester.
Elle se produit dans des cycles de concerts et festivals comme Utrecht Early Music Festival (Artist in Residence 2020), Händelfestspiele Halle, Thüringer Bachwochen, Barockfestspiele Bad Arolsen, Barockfestspiele Potsdam Sanssouci, Festival de Saintes, St.Michel-en- Thierache, La Folia Rougemont, Verbier Festival, York Early Music Festival.
Elle enregistre des CDs pour Resonando, Glossa, Deutsche Grammophon et PanClassics.
© Susanna Drescher
La collection dite Di Martinelli est conservée à l’Université Catholique de Louvain (Belgique) et contient un total de soixante-cinq manuscrits et trente-deux imprimés, dont un remarquable manuscrit de trente- deux sonates pour violon datant de la fin du XVIIe siècle, dont sont extraites les œuvres du programme de ce concert.
Ce manuscrit rassemble des sonates pour violon ardues, dont les origines variées font apparaître trois principaux pôles régionaux : des compositeurs d’origine flamande ou néerlandaise (Petersen, Goor), des musiciens venant d’Allemagne du Sud et des terres des Habsbourg (Albicastro, Schmelzer, Pez, Wentzely, Finger et Biber, ce dernier toutefois par erreur d’attribution), et quelques compositeurs italiens (Cailò, Lonati, Capellini).
Tous les musiciens de ce concert ont étudié à la Schola Cantorum Basiliensis et représentent une nouvelle génération dans le domaine de la pratique de la musique historique, alliant une grande maîtrise technique à une curiosité pour les fondements historiques et un amour de l’expérimentation. Eva Saladin, d’origine suisse et néerlandaise, est aujourd’hui l’une des représentantes les plus renommées de sa génération au violon baroque.