Avant de devenir un langage autonome au XVIIIe siècle, la musique s’appuie sur un langage verbal et sur le principe analogique de l’allégorie. A l’époque baroque, ce principe est à l’origine de l’une des plus originales créations musicales de tous les temps : l’opéra. Né dans le laboratoire florentin de la Camerata Bardi à la fin du XVIe siècle, le théâtre musical va puiser dans les nombreuses intrigues de la mythologie grecque, les sources d’un double principe esthétique, la métamorphose (avec la figure de Protée), et l’osmose, l’union parfaite entre la poésie et la musique (avec celles d’Orphée ou d’Arion). À ces deux principes esthétiques s’ajoute un principe politique qui voit dans les figures mythologiques du héros le reflet allégorique du prince. Quand l’opéra devient populaire, comme à Venise, les héros mythologiques sont désacralisés au profit de figures plus humaines, et partant plus pathétiques.
Jean-François Lattarico. (Paris, 1968). Ancien Élève de l’E.N.S. Professeur de Civilisation et Littérature italiennes à l’Université Lyon III Jean Moulin. Ses recherches portent sur la littérature et la rhétorique au XVIIe siècle, ainsi que l’opéra des XVIIe et XVIIIe siècles. Il a publié entre autres : Venise incognita. Essai sur l’académie libertine au XVIIe siècle (Paris, Champion, 2012) et la première monographie en français sur le librettiste Busenello (Busenello. Un théâtre de la rhétorique, Paris, Classiques Garnier, 2013). De ce dernier il a également publié le livret inédit Il viaggio d’Enea all’inferno (Bari, Palomar, 2009) et tout récemment la première édition critique et bilingue de ses drames en musique : Delle ore ociose/Les fruits de l’oisiveté (Paris, Classiques Garnier, 2016). Il prépare un ouvrage sur les animaux à l’opéra (Le chant des bêtes. L’animalité et la scène lyrique), ainsi qu’un second volume sur les Incogniti, (Venise atlante. Essai sur l’utopie politique des Incogniti, à paraître chez Honoré Champion).