Denis Morrier revient cette année pour nous parler de Carlo Gesualdo (1566 – 1613). Dans le Sixième Livre des Madrigaux, le compositeur met en musique des textes de forme et de style singuliers. Les poèmes sont brefs, leurs vers sont courts, emplis de sentences percutantes et de métaphores précieuses. Partout, des oppositions de mots et d’idées contraires : Mort-Vie, Joie-Douleur, Peine-Plaisir, Présence-Absence, Amour-Haine. Tout au long des pièces, les accidents chromatiques fleurissent, suscitant jusqu’à l’apparition d’un do bémol inédit !
En partenariat avec la Médiathèque de Lannion
Les musiques crépusculaires d’un Prince assassin
Don Carlo Gesualdo, prince de Venosa, est un véritable personnage de roman qui n’a cessé de fasciner écrivains, poètes et compositeurs. Il a assassiné sa première épouse et l’amant de celle-ci, martyrisé sa seconde épouse, est suspecté d’avoir causé le décès de son fils et fut tourmenté jusqu’à sa mort par ses démons intérieurs. Le statut singulier de ce musicien amateur, riche et érudit, libéré de toute contrainte, permit l’éclosion d’un style unique, quoique reflétant de nombreuses influences. Son Sesto Libro est, avec ses Répons des Ténèbres, son testament musical, qui vient clore en apothéose une production et une vie emplie de paradoxes.
Denis Morrier, musicien et musicologue, est professeur de Culture Musicale au Conservatoire du Pays de Montbéliard et d’Analyse Musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Ses recherches portent principalement sur la musique vocale italienne du baroque naissant (Monteverdi, Gesualdo et Cavalli), l’opéra italien du XVIIIe siècle (Traetta, Haendel) et la danse ancienne. Ses ouvrages ont été publiés par Harmonia Mundi (Les trois visages de Monteverdi), Fayard (Gesualdo ; Chroniques musiciennes d’une Europe Baroque), la Philharmonie de Paris (Monteverdi et l’art de la rhétorique, 2015) et les éditions Bleu-Nuit (Monteverdi, 2017). Auteur de nombreux articles musicologiques (L’Avant-Scène Opéra, guides Fayard, encyclopédies Universalis, Larousse, etc), il compte aussi, depuis 1986, parmi les collaborateurs du magazine Diapason.