© Titouan Massé, Henri Buffetaut
À la fin du XVIIe siècle, pendant la semaine sainte, l’Église interdit les représentations musicales. Les leçons de Ténèbres, ayant à l’origine une fonction liturgique, deviennent alors de véritables concerts où l’on se presse pour entendre les meilleures chanteuses. Gaétan Jarry a construit ce programme autour des Leçons de Michel-Richard de Lalande interprétées par la soprano Maïlys de Villoutreys. L’austérité de ces déplorations imprégnées de ferveur religieuse et dotées d’une extraordinaire puissance expressive est sublimée par une extrême sensualité.
Durée : 1h15
Dans l’obscurité des offices de la Semaine Sainte, les Leçons de ténèbres avivent de leur incandescence les fragiles lueurs du grand chandelier. Composées pour les Dames de l’Assomption et chantées par les propres filles de Lalande « à l’admiration de tout Paris », ces leçons constituent, sans aucun doute, l’un des chefs d’œuvre les plus aboutis du « Lully latin ». Ces leçons font preuve avec une rare habileté d’une certaine piété théâtrale, un genre dont Lalande s’érigea en maître. La sensibilité au texte ainsi que l’expressivité et l’éloquence de chaque instant sont servis par une subtile palette harmonique et une virtuosité remarquable. Lalande, probablement le plus grand contributeur de son temps à la musique sacrée destinée aux voix féminines, maîtrise profondément les codes de l’expressivité sprituelle et l’applique avec une indicible délicatesse dans ses Leçons.
L’office des Ténèbres devint au XVIIe siècle un exercice incontournable de la musique sacrée, auquel s’essayèrent des compositeurs comme Lambert, Couperin ou Charpentier. Cette période de carême, d’une grande austérité, ne permettant pas de se divertir aux concerts ou à l’opéra, les célébrations religieuses deviennent l’occasion de se rassembler autour d’œuvres d’art qui offrent à l’auditoire un syncrétisme ambigu entre jouissance et componction.
Conçus à l’origine pour l’office des Matines (au cœur de la nuit), les Leçons de Ténèbres furent déplacées à la soirée de la veille, et se terminaient après le coucher du soleil, pour que le public qui venait en masse entendre cet office somptueux n’ait point à se lever en pleine nuit… C’est pourquoi ils portent souvent le nom de la veille du jour où ils étaient célébrés (office du Mercredi-Saint pour le Jeudi-Saint etc…).
Gaétan Jarry, direction musicale et orgue
Maïlys de Villoutreys, soprano
Marion Martineau, viole de gambe
Robin Pharo, viole de gambe
Étienne Galletier, théorbe
Michel-Richard de Lalande (1657-1726)
Zelus Domus Tuæ (Antienne)
Anonyme
Salvum me fac, Deus
Plain chant – faux bourdon
Michel-Richard de Lalande
3ème Leçon du Jeudi S 121
Guillaume-Gabriel Nivers (c.1632- 1714)
In monte Olivetti
Plain-chant
Marin Marais (1656-1728)
III ème livre de pièces de viole
Fantaisie et Prélude
Michel-Richard de Lalande
3ème Leçon du Vendredi S 124
Verset improvisé pour l’orgue
Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749)
Miserere à voix seule
Vibrer, Partager, Transmettre sont les mots qui animent le cœur du projet Marguerite Louise, et qui portent à chaque instant l’exigeante passion de révéler l’émotion.
Monté par l’organiste Gaétan Jarry, l’ensemble Marguerite Louise puise son inspiration dans la figure irrésistible de Marguerite Louise Couperin, cousine et muse de l’organiste du Roy Soleil. Cette chanteuse adulée en son temps avait une voix dont la grâce et la pureté avait conquis la cour.
En résidence au Château de Versailles depuis 2016, Marguerite Louise se produit régulièrement en France et à l’étranger (Opéra Royal de Versailles, festival Radio France Occitanie, Rencontres Musicales de Vézelay, Sinfonia en Périgord, Festival d’Automne de Souvigny, Cité de la Musique-Paris, Palais Farnèse de Rome, Les Grands Concerts de Lyon, théâtre de Caen, théâtre de Compiègne, théâtre d’Avignon, Musikfestspiele de Potsdam…). Sa discographie riche d’une dizaine d’enregistrements unanimement reconnus par la critique internationale lui a permis d’imprimer sa marque : une intensité émotionnelle unique et une empreinte sonore riche, généreuse et personnelle.
Chef d’orchestre et organiste français né en 1986, Gaétan Jarry est le fondateur de l’ensemble Marguerite Louise.
Après un parcours récompensé de nombreux premiers prix, Gaétan Jarry est également diplômé d’orgue du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.
En 2016, il devient titulaire des Grandes Orgues Historiques de l’église Saint-Gervais à Paris. Sa passion pour la voix et pour les répertoires anciens le conduit à créer l’ensemble Marguerite Louise, chœur et orchestre de référence sur la nouvelle scène baroque internationale.
Gaétan Jarry est également l’un des principaux chefs invités de l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles. Sa discographie, riche d’une quinzaine d’enregistrements, se consacre en grande partie à la musique baroque française, dans laquelle il infuse l’esthétique de Marguerite Louise…
Après quelques années de violon, la soprano Maïlys de Villoutreys découvre le chant au sein de la Maîtrise de Bretagne. Elle étudie ensuite au Conservatoire de Rennes, obtient parallèlement une Licence d’Italien, puis perfectionne son apprentissage vocal au CNSM de Paris.
Sa voix et son expressivité l’amènent rapidement à se spécialiser dans le répertoire baroque, qu’elle affectionne particulièrement, et elle se produit avec de nombreux ensembles renommés.
Vivement intéressée par la création contemporaine, elle a ces dernières années collaboré avec plusieurs compositeurs : Gérard Pesson, Ramon Lazcano, ou encore Antonio Juan-Marcos.
Elle explore les possibilités du récital à travers plusieurs duos, abordant ainsi un large répertoire intimiste allant de la monodie accompagnée du XVIIe à la musique contemporaine. Avec Clara Izambert-Jarry (harpe historique), elle s’attache à redonner vie à la romance du début du XIXe siècle.
L’ensemble Marguerite Louise est soutenu par la ville de Versailles