Présentation
Dulces Exuviae fait entrer l’auditeur dans l’intimité des chansons de Josquin Desprez. Compositeur de génie et musicien solitaire, Josquin possède ce trait de caractère mélancolique, ce tempérament naturel et individuel qui est alors une marque de sagesse permettant à certains de devenir des êtres d’exception.
Dans ses chansons profanes, Josquin sublime cette élégance emblématique de la Renaissance. Interprétées ici dans une formation d’une grande simplicité, les chansons touchent par leur justesse émotionnelle et par le génie mélodique du compositeur.
Réunis autour d’une table éclairée à la bougie, Romain Bockler au chant et Bor Zuljan au luth invitent le public à un moment musical intime d’une grande sensibilité.
Dulces Exuviae
Romain Bockler, baryton
Bor Zuljan, luth
I. Josquin Desprez (vers 1450 – 1521) Ave Maria
II. Praeambulum (improvisation)
III. Mille Regretz attributed to Josquin Desprez
VI. Luys de Narváez (vers 1500 – 1555) La Canción del Emperador
V. Josquin Desprez Regretz sans fin
VI. Josquin Desprez La plus des plus
VII. Praeambulum (improvisation)
VIII. Josquin Desprez Nimphes napées
IX. Antoine Busnois (1433 – 1493) / Josquin Desprez Fortuna desperata
X. Praeambulum (improvisation)
XI. Josquin Desprez Adieu mes amours
XII. Josquin Desprez La Bernardina
XIII. Josquin Desprez / Hans Gerle (vers 1500 – vers 1570) En l’ombre d’ung buissonnet
XIV. Praeambulum (improvisation)
XV. Marco Dall’Aquila (vers 1480 – vers 1538) Ricercar
XVI. Josquin Desprez In te, domine speravi
XVII. Praeambulum (improvisation)
XVIII. Josquin Desprez Douleur me bat
XIX. Josquin Desprez Ile fantazies de Joskin
XX. Josquin Desprez Quant de vous seul
XXI. Praeambulum (improvisation)
XXII. Josquin Desprez Nymphes des bois
S’inspirant de différents traités du XVIe siècle qui décrivent en détail la façon d’improviser des ornements mélodiques, Romain Bockler et Bor Zuljan ont choisi de renouveler l’expérience auditive de la musique de Josquin en transformant ses polyphonies complexes en autant de mélodies accompagnées où les subtilités ne résident plus dans les relations contrapuntiques entre les parties de la polyphonie, mais dans la souplesse et la virtuosité de la voix, qui forme avec le luth un ensemble harmonieux. Douleur me bat, Regretz sans fin ou La plus des plus sont ainsi riches de mélodies différentes par l’ajout de fredons ou de diminutioni, selon les termes français et italien de l’époque, qui ouvrent la voie à une nouvelle approche des plus belles œuvres de « l’âge d’or de la polyphonie ».
PHILIPPE CANGUILHEM
L’ensemble Dulces Exuviae est né de la rencontre entre le luthiste slovène Bor Zuljan et du baryton français Romain Bockler. A la recherche d’un contact toujours privilégié avec le public, l’ensemble est spécialisé dans les domaines rarement entendus que sont l’improvisation et l’ornementation. Explorant les différents répertoires de la musique de la Renaissance, le duo propose des programmes originaux, entre les captivants sons du luth, les suaves mélodies méditatives et diminutions virtuoses. Autour d’une mise en espace et d’un éclairage soigné, leurs concerts touchent tous les sens et tentent de reproduire la magie orphique décrite par les anciens.
Romain Bockler se forme au CNSMD de Lyon où il obtient son Master avec la mention Très Bien, puis au Studio de l’Opéra National de Lyon qu’il intègre en 2015-16, ainsi qu’auprès de Cécile de Boever, Rosa Dominguez, Margreet Honig et Yves Sotin. Il se distingue lors de plusieurs Concours Internationaux : Prix Teatro San Cassiano au concours International Voci Olimpiche à Vicenza (Italie), Finaliste du Concours International Corneille de Rouen, Premier Prix du Concours International de Chant Baroque de Froville, Seconde Distinction à l’International Early Music Vocal Competition « Canticum Gaudium » à Poznan et lauréat de l’ARMEL Opera Competition (Hongrie). Sur scène, son répertoire s’étend de l’opéra baroque à l’opéra contemporain.
Romain Bockler se produit en France à l’Opéra de Lyon, Bordeaux, Avignon, Dijon, Reims, Caen, ainsi qu’en Europe et dans le monde entier. Il collabore ainsi avec les ensembles Pygmalion, Le Poème Harmonique, Les Arts Florissant, Le Concert Spirituel, Concerto Soave, La Fenice, La Rêveuse, Le Concert de l’Hostel Dieu. Dans les répertoires contemporains il crée différents rôles en lien étroit et sous la direction de compositeurs tels que Peter Eötvös ou encore Alexandre Desplat.
De plus, passionné par les musiques de la Renaissance et le travail en petit effectif, il se produit fréquemment avec des ensembles spécialisés tels que Huelgas Ensemble, Diabolus in Musica, Doulces Mémoire, Weser Renaissance Bremen, la Main Harmonique. De nombreux enregistrements discographiques témoignent de son activité dans ce domaine. Romain Bockler est également titulaire d’un diplôme d’ingénieur et d’un master de recherche en acoustique.
Bor Zuljan est actif dans différents genres musicaux, recherchant une synthèse entre les musiques contemporaines, anciennes, traditionnelles, jazz et improvisées. Il pratique différentes sortes de guitares et d’instruments anciens et traditionnels à cordes pincées tels que les luths, la vihuela, le oud et le tar. Ses recherches portées sur le lien entre le son, l’image et le texte l’ont amené à collaborer à différents projets interdisciplinaires. Il se produit internationalement en tant que soliste et au sein des différentes formations : Le Concert Brisé, Tasto Solo, Grain de la voix, l’Orchestre Philharmonique de la Slovénie, Ensemble Contrechamps, Ensemble Vortex, duos avec Dusan Bogdanovic et avec Rolf Lislevand, ainsi qu’avec son ensemble La Lyra.
Ses projets ont été présentés dans des festivals tels que Laus Polyphoniae à Anvers, Oude Muziek à Utrecht, Mousiké à Bari et Festival Radovljica en Slovénie. Il a joué également en Chine, Algérie, Allemagne, France, Suisse, Espagne, Danemark, Angleterre et en Croatie et il a enregistré pour des nombreux labels.
Depuis 2011, il est le directeur artistique du festival de musique ancienne Flores Musicae en Slovénie.
Après avoir fini ses études de musique classique et jazz au Conservatoire de Ljubljana, il poursuit son parcours musical avec Aniello Desiderio à Koblenz en Allemagne. En 2007, il s’installe à Genève pour étudier à la Haute École de Musique de Genève où il obtient un master en guitare classique et luth, un master spécialisé en musique médiévale et un master en pédagogie instrumentale. De 2011 à 2013 et de nouveau depuis 2017, il mène comme assistant le projet de recherche HESSO « Ricercar » sur l’improvisation des fantaisies au luth au XVIe siècle, avec lequel il poursuit ses études doctorales
au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance à Tours. Il est professeur de luth au Conservatoire Populaire de Musique, Danse et Théâtre à Genève.
Elevé à Saint-Quentin, centre musical important de l’époque, Josquin Desprez entre au service de nombreux papes et voyage beaucoup. Son activité est connue à partir de son séjour en Italie, où il est chanteur à la cathédrale de Milan (1459-1472), puis au service du Duc Sforza (1474) et du Cardinal Ascanio Sforza (1476-1504). De 1486 à 1501, il apparaît sporadiquement dans la liste des chanteurs de la chapelle papale. De nombreux voyages le mènent à Paris, Plaisance, Modène, Nancy, cathédrale de Saint-Quentin (1509) etc. De 1499 à 1515 il est au service du Duc Hercule 1er de Ferrare. Après un bref séjour à la cour de Louis XII (roi de France), il finit ses jours comme chanoine à Condé-sur-Escaut.
Lors de ses voyages principalement en Italie, il s’imprègne des influences italiennes et, de retour au pays, donne un souffle nouveau à la musique nordique. Il appartient à cette génération de musiciens transitoires entre l’école polyphonique franco-flamande et la Renaissance naissante en Italie.
Après avoir d’abord composé dans le style contrapuntique d’Ockeghem et de ses contemporains, il prend très tôt connaissance en Italie de la texture homophonique de la musique sacrée italienne et de la simplicité de la musique profane. Réunissant ces deux éléments, il incarne un style nouveau qui s’affirmera avec la Renaissance et dont les plus illustres représentants seront Palestrina et de Lassus. Josquin a écrit dans toutes les formes importantes courantes à l’époque : messes, motets et chansons profanes. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des créateurs de la chanson polyphonique.