Plus on étudie La Messe en si, plus semble évidente la recherche de la part de Bach d’une abstraction universelle. Une messe en latin dans un contexte luthérien allemand est en soi un choix ambivalent qui a donné à l’œuvre un caractère œcuménique. L’architecture de l’œuvre est unique et englobe une voûte et son contraire : l’ancien et le nouveau, l’objectivité grégorienne dérivée de la psalmodie et la forme baroque la plus contemporaine, les rythmes dansés et les voix angéliques. L’interprétation de Vox Luminis nous en révèle tout le message universel.
Vidéo
Sopranos : Zsuzsi Tóth , Viola Blache, Stefanie True, Victoria Cassano, Rachel Ambrose Evans & NN*
Altos : Alex Chance, David Van Laar, Adriana Mayer
Ténors : Philippe Froeliger & NN*
Basses : Lionel Meunier & NN*
Premiers violons : Tuomo Suni, Jacek Kurzydlo & Johannes Frisch
Seconds violons : Cynthia Freivogel, Birgit Gooris Nadine Henrichs
Alto : Wendy Ruymen
Violoncelles : Ronan Kernoa & NN*
Contrebasse : Benoit Vanden Bemden
Hautbois : Jasu Moisio, Christopher Palameta & Armin Köbler
Flûtes : Jan Van den Borre & Armin Köbler
Bassons : Isabel Favilla & Lisa Goldberg
Orgue : Bart Jacobs
Clavecin : Anthony Romaniuk
Timbales : Michael Juen
Trompettes : Rudolf Lörinc, Moritz Goerg & NN*
*NN = non nominé / distribution en cours
La Messe en si mineur de Bach est une œuvre emblématique de la musique occidentale ; assemblée en tant que telle, elle n’a pourtant de son vivant jamais été jouée dans son intégralité. Le Sanctus aurait été composé pour le jour de Noël en 1724, tandis que le Kyrie et le Gloria avaient été conçus en vue de l’obtention d’un poste à la cour ducale de Dresde en 1733. Lassé de ses tâches contraignantes à Leipzig, Bach aurait entrepris le voyage vers Dresde en mettant toute la famille à l’œuvre pour les copies à devoir fournir. Ces vingt-et-une parties de messe en style napolitain, avec des airs pour virtuoses étaient adaptées à l’ensemble de la cour qui avait recruté des solistes venus d’Italie. Frédéric-Auguste II, à qui ce début de messe était dédié, n’y donna finalement pas suite. Bach décida bien après, dans ses dernières années de vie, de compléter la messe avec le Credo, le Sanctus et l’Agnus Dei en réadaptant d’anciennes compositions et en y ajoutant de nouvelles. C’est le Crucifixus qui trouve sa source dans l’œuvre la plus ancienne intégrée dans la messe : la cantate Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen BWV 12 composée en 1714.
L’histoire nous laisse dans l’ombre tant sur l’origine que sur la fonction de l’œuvre. Bach aurait-il été soucieux de sa vulnérabilité ? Cette compilation puisant dans des ressources antérieures est dotée d’une ingéniosité sans équivoque ; elle semble vouloir donner un aperçu global de tous les styles et techniques, pleinement maitrisés. L’architecture est unique et englobe une voûte et son contraire : l’ancien et le nouveau, l’objectivité grégorienne dérivée de la psalmodie et la forme baroque la plus contemporaine, les formes libres et les formes carrées, le cœur et le chœur, l’individu et l’humanité, le populaire et le spirituel, les rythmes dansés et les voix angéliques. Résumer le ciel et la terre, voici l’essence même de l’Ordinaire –la partie récurrente que le croyant se doit d’invoquer à l’heure de la messe et que Bach met ici en musique. Même le meilleur de la musique profane y est intégré ; Qui sedes ad dextram Patris réfère à une Gigue, Quoniam tu solus Sanctus à une Polonaise, Crucifixus à une Passacaille, Et resurrexit à une Réjouissance.
Plus on plonge dans l’œuvre, plus la recherche d’une abstraction universelle semble évidente. Une messe en latin dans un contexte luthérien allemand est en soi un choix ambivalent qui a donné à l’œuvre un caractère œcuménique. Y aurait-il la volonté de transgresser les convictions individuelles en vue d’un message universel, inscrit dans la musique ?
Vox Luminis a vu le jour il y 15 ans ; aujourd’hui l’ensemble enlumine le monde de la musique ancienne de traits étincelants ! L’impulsion fut donnée en 2004 par Lionel Meunier — basse et fondateur de Vox Luminis. Accéder par la Voix à la Lumière, tel en est l’objectif. Chaque année, l’ensemble sort en moyenne deux disques et offre à son public plus de soixante concerts sur les scènes belges, européennes et internationales.
Il se définit comme un groupe de solistes à géométrie variable — avec une base issue du Conservatoire Royal de musique de La Haye — et d’un continuo, d’instrumentistes additionnels ou d’un orchestre à part entière, selon le répertoire. Celui-ci est essentiellement italien, anglais et allemand et s’étend du 16e au 18e siècle. Dès sa création, l’ensemble se fait remarquer par sa cohésion et séduit tant par la personnalité de chaque timbre, que par l’homogénéité des voix.
Vox Luminis compte aujourd’hui treize enregistrements, récompensés par de nombreux prix dont le prestigieux Gramophone Recording of the Year 2012, pour les Musicalische Exequien de Heinrich Schütz. Les derniers sortis chez Alpha Classics sont les Abendmusiken de Buxtehude et King Arthur de Purcell. Deux prix ont marqué l’année 2018 : Vox Luminis obtient d’une part le fameux BBC Music Magazine AWARD 2018 dans la catégorie « Choral Award Winner » suite au disque Luther et la musique de la Réforme. D’autre part, KLARA les élit « ensemble de l’année ».
« The refinement of Vox Luminis is never anything less than sublime »
Gramophone, 04/2014
David Vickers
Vox Luminis, formé de solistes, « se distingue par la pureté de son émission, la fraîcheur des voix, la dynamique et la mise en place, d’une rare perfection. Ses qualités d’expression, où la simplicité, la ferveur le disputent à la gravité et à l’enthousiasme illustrent admirablement ce répertoire exigeant.»
Forumopera, 08/2018
Yvan Beuvard
« Vox Luminis live up to their name by providing refreshingly light vocal performances which seem to shimmer and glow».
Musicweb, 05/2017
Simon Thompson
Lionel Meunier accède aujourd’hui à une renommée internationale comme chef et directeur artistique de l’ensemble Vox Luminis qu’il a créé en 2004.
Passionné de musique depuis son plus jeune âge, son éducation débute dans sa ville natale de Clamecy (France), avec le solfège, la flûte à bec et la trompette. Il poursuit ses études à l’IMEP (Institut Supérieur de Musique et de Pédagogie) de Namur et au Conservatoire Royal de La Haye (Pays-Bas).
Simultanément, il entame une carrière de concertiste et est rapidement demandé comme soliste dans des ensembles renommés.
Lionel Meunier est également sollicité comme coach, chef et leader artistique par de nombreux ensembles en Europe. Il fait partie du jury dans nombreux de festivals et concours internationaux. Il assure régulièrement des coachings et, avec Vox Luminis, donne des Masterclasses, ainsi que des conférences sur les répertoires baroques et de la fin de la Renaissance. En 2018, il se voit chargé d’une mission étalée sur plusieurs années au Théâtre National de Bretagne à Rennes où il devra y suivre des jeunes acteurs en devenir.
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