Armonia Divina y Humana, Canciones, Villancicos et Cachuas Hispano-Américains aux XVIe et XVIIe siècles
Le 12 octobre 1492 l’Histoire change pour toujours. L’arrivée de Cristophe Colomb en Amérique et la découverte consécutive de ce vaste continent par les Espagnols provoquera les bouleversements économiques, politiques, religieux et démographiques les plus grands que l’humanité ait connu jusqu’alors. L’Espagne et le Portugal se partagent le monde par le Traité de Tordesillas de 1494 et ce seront surtout les premiers qui tireront leur épingle du jeu pour devenir la première puissance mondiale, l’empire où “le soleil ne se couche jamais” grâce à l’or et l’argent provenant du Nouveau Monde.
Le fantasme de l’Eldorado américain provoquera une émigration outre-atlantique massive entraînant la colonisation et l’évangélisation des nouveaux territoires. La couronne espagnole implantera une administration selon le modèle castillan et instaurera des vice-royautés qui, bien que soumises théoriquement à la couronne, auront en réalité un pouvoir et une indépendance considérables. Ces véritables cours, dont les plus importantes se situeront au Mexique et au Pérou, ont érigé des palais et des cathédrales où s’est développée une intense activité intellectuelle et artistique.
L’arrivée des Européens et, plus tard, des esclaves noirs en provenance d’Afrique, provoquera un métissage plus ou moins marqué selon les lieux. Les peuples autochtones, bien qu’ayant un statut qui les préservait de l’esclavage, seront systématiquement discriminés et parfois même exterminés. Ce brassage multiculturel aura des conséquences également sur le plan artistique. En effet, les Espagnols apporteront un style musical héritier de la tradition polyphonique européenne ainsi qu’un grand nombre d’instruments, en particulier à cordes. L’évangélisation accordera une place très importante au chant et la musique sera omniprésente, aussi bien dans l’église que dans la rue. Par ailleurs, et cela constituera une particularité de la musique ibéro-américaine, les instruments dits “populaires” (guitares, percussions, vents…) ainsi que les rythmes autochtones et d’origine africaine seront non seulement tolérés mais encouragés par les autorités religieuses pour jouer la musique sacrée, créant ainsi des liens entre les peuples indigènes et l’évangile d’une intensité et d’une ferveur remarquables, liens qui perdurent jusqu’à nos jours. La musique savante trouvera également une place importante grâce à la présence de maîtres de chapelle venant d’Europe qui travailleront dans les grands évêchés comme Lima et Mexico.
A travers ce programme nous souhaitons mettre en évidence la richesse, la beauté et la variété des styles musicaux présents en Amérique aux 16e et 17e siècles, leur originalité de par l’assimilation d’éléments populaires et leur universalité grâce à la rencontre de l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Nous incorporerons également quelques tonos de José Marín et des airs en espagnol édités en France au temps de Louis XIII, ce qui prouve, si besoin est, que la musique n’a pas de frontières, qu’elle voyage et qu’elle continuera à le faire pour toujours.
Manuel de Grange
« Plaisir des sens et élévation de l’esprit par la poésie, le geste et la musique», voilà en quelques mots, le résumé de l’identité de cet ensemble. Dirigé par le luthiste Manuel de Grange, l’ensemble reste fidèle à l’esthétique et aux règles déclamatoires du XVIIe siècle, valables pour le chant et le récit, mais aussi pour la musique instrumentale, jouée sur instruments anciens. L’ensemble cherche à associer les vers et les airs d’une même époque dans un jeu de miroir afin de transmettre au public un instant unique. Celui-ci rencontre, l’espace d’un moment, les hommes et les femmes de jadis qui ont su, par des moyens raffinés mais aussi en s’appropriant et sublimant quelquefois des éléments de la musique populaire, transmettre leurs passions, joies, chagrins et leur attachement aux plaisirs qui nous accompagnent depuis toujours.
Depuis sa création en 2009, Il Festino se produit en concert dans d’importants festivals en France et à l’étranger (Festival baroque de Pontoise, Festival du Haut Jura, Festival musical de Namur, Musique et Mémoire, Midi-Minimes, Eté mosan…) et dans des scènes nationales de renom (Théâtre de Cornouaille, Le Quartz…). Sorti en mai 2012, le premier CD de l’ensemble, consacré aux airs en italien sous Louis XIII a reçu un accueil enthousiaste de la critique spécialisée et a obtenu notamment 5 diapasons de la prestigieuse revue Diapason. En mars 2015, Il Festino a produit son deuxième CD consacré aux airs pour voix seule du compositeur Stefano Landi. Le troisième CD «Douce Félicité» avec les airs de Michel Lambert et Sébastien Le Camus vient de sortir.
L’Ensemble Il Festino a été accueilli en 2015 et 2016 dans le cadre du Festival de Lanvellec et du Trégor. En partenariat avec les Rencontres Internationales de Musique Ancienne en Trégor, l’ensemble poursuit en 2017 et en 2018, une résidence d’éducation artistique et culturelle au Collège Charles le Goffic de Lannion.
Né en 1967 à Santiago du Chili, Manuel de Grange étudie la guitare classique, l’harmonie, le contrepoint et la musique de chambre à l’Institut de Musique de l’Université Catholique du Chili. Installé en France depuis l’année 1990, il entre dans la classe de Rafael Andia à l’Ecole Normale de Musique où il poursuit des études de guitare classique, guitare baroque et musique de chambre jusqu’en 1995. Depuis cette année et jusqu’en 1999 il étudie le luth, le théorbe et la basse continue avec Claire Antonini au Conservatoire Supérieur de Paris (actuel CRR) où il obtient le Diplôme Supérieur d’Exécution. Ensuite, il se perfectionne à la Schola Cantorum de Bâle avec Hopkinson Smith. Manuel de Grange exerce une activité de soliste et continuiste au sein d’ensembles divers avec lesquels il joue et enregistre régulièrement dans le monde entier : Le Poème Harmonique (Vincent Dumestre), Le Parlement de Musique (Martin Gester), Les Paladins (Jérôme Corréas), Maîtrise du centre de musique Baroque de Versailles (Olivier Schneebeli), Ensemble Jacques Moderne (Joël Suhubiette). Il collabore également depuis l’année 2000 avec le metteur en scène Jean-Denis Monory en assurant la direction musicale dans la création du Médecin Malgré Lui (Molière) en 2003, d’Andromaque (Racine) en 2005, les Femmes Savantes (Molière) en 2008 et Les Fâcheux (Molière-Beauchamp) en 2013. Dans le cadre de l’école internationale de l’institut de musique de l’Université Catholique du Chili, Manuel de Grange y est régulièrement invité pour réaliser des masterclass. Manuel de Grange a enregistré une trentaine de CD dont certains ont reçu les plus hautes distinctions de la presse spécialisée : Diapason d’or, Choc du Monde de la Musique (aujourd’hui Classica), Grand Prix de l’Académie Charles Cross, etc. En 2009 il fonde Il Festino, ensemble vocal et instrumental à géométrie variable qui aborde la musique du 17ème siècle avec lequel il se produit en concert dans d’importants festivals en France et à l’étranger et dont les enregistrements (le dernier, consacré aux airs de Stefano Landi, paru en mars 2015), ont reçu un accueil enthousiaste et unanime du public et de la critique spécialisée.
Née en Argentine. Diplômée en direction Chorale à l’Université Catholique Argentine. En 1993 elle commence ses études de chant à Buenos Aires. Elle s’installe en France en 2004 afin de se perfectionner dans le répertoire de la musique ancienne avec Alex De Valera et de clavecin et basse continue avec Hélène Dauphin à l’École Nationale de Musique de Pantin où elle obtienne son DEM en Musique Ancienne. Elle poursuit ses études de chant avec Renata Parussel à Würzburg-Allemagne. Elle a aussi participé à de nombreux stages avec Monique Zanetti, Jean-Claude Malgoire, Max Van Egmond et Jordi Savall entre autres. Depuis l’année 2005, elle est professeur de Chant et Chant-Choral au CRC de Bry-sur-Marne et au Conservatoire d’Arcueil. Son répertoire va des œuvres de musique ancienne jusqu’à l’avant-garde en passant par le lied, l’oratorio baroque, classique et romantique. Actuellement, elle collabore en tant que soliste avec de nombreuses formations de musique ancienne, classique et contemporaine comme, L’Ensemble Elyma (Gabriel Garrido, Suisse) ; La Chimera (Eduerdo Eguez, Italie), Coral Cantiga (Josep Prats, Espagne), Canticum Novum (Emmanuel Bardon), Ensemble Entheos (Benoit Damant), Ensemble Coulicam (Mario Raskin), Il Festino (Manuel de Grange) et Ensemble Cronexos. Sa discographie comprends entre autres “Selva Morale » (Ambronay) Ensemble Elyma, “Le vœu de Louis XIII“ (Alpha) et « Un voyage au cœur des opéras de Lully » (K617) Les Pages et les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles (Dir. :Olivier Schneebeli), « Tonos y Tonadas » (MA-recordings) Ensemble La Chimera, « Soleils Baroques » (Ambronay) Les Paladins, « Paz, Salam & Shalom » (Ambronay) Canticum Novum, « A pie d’un verde alloro » et « Le baroque sur les sentiers des Andes » (Antigua 92) avec l’ensemble Cronexos, « Le chant des poètes » Ensemble Entheos ; « Misa de indios » (Musica) Ensemble La Chimera ; Carlos Guastavino (Antigua 92) avec Mario Raskin, le « Baroque sur les sentiers des Andes (Antigua 92) Ensemble Cronexos et « Le Temple et le Désir » (K617) Ensemble Elyma .
Née en République Tchèque, Dagmar Saskova débute ses études de musique et de chant à l’Université de Bohème Occidentale de Pilsen, et puis au CNSM de Brno. En 2008, elle obtient son diplôme de chant baroque au Centre de Musique Baroque de Versailles. Actuellement, Dagmar Saskova se produit en concert et à l’opéra avec des ensembles baroques tels que le Centre de Musique Baroque de Versailles, Il Festino, Akadêmia, Le Concert brisé, La Fenice, Les Correspondances, Sagittarius, Musica Florea, Les Paladins et La Rêveuse. Elle se produit régulièrement en récital avec la claveciniste Katerina Chrobokova dans un répertoire baroque. Avec la pianiste Vendula Urbanova, elle a donné une série de concerts de musique tchèque (romantique, 20ème siècle) au Centre tchèque à Paris. En 2015 : elle incarne Proserpine dans l’Orfeo de Monteverdi (ensemble La Fenice, Paris- salle Gaveau). Elle apparait sur les disques « Concert royal de la Nuit », ensemble Les Correspondances (Sébastien Daucé) et « Natale in Italia », ensemble La Fenice (Jean Tubéry). En 2016, sa collaboration avec le Centre de Musique Baroque de Versailles l’amènera en tournée en Corée du Sud pour « Les Histoires sacrées de Charpentier ». Dagmar Saskova a déjà conquis le public du festival de Lanvellec lors des éditions 2013 (La Fenice, Eglise Saint-Jean-du-Baly), 2015 (Il Festino, Eglise de Prat) et 2016 (Il Festino, Théâtre de l’Arche de Tréguier).
Alain Pacquier – Les chemins du baroque dans le nouveau monde, Ed. Fayard
Alain Pacquier – Le retour des caravelles, Ed. Fayard